Les clés de la réussite de Groupe Alternance

"L'interview fondateur"

Diplômé en droit à Nantes, vous débutez votre parcours d’avocat dans un cabinet spécialisé en droit du travail. Une carrière juridique semble toute tracée, quand une rencontre vient changer la tournure de votre vie professionnelle. Vous découvrez alors un nouvel univers, celui de l’école et de la formation en alternance. À l’âge de 29 ans, porté par votre esprit d’entrepreneur et de sportif [handballeur à Nantes et Angers en national 2] vous ouvrez votre première école à Rochefort, en 1998. Suivront les écoles de Niort en 2000, Nantes en 2004, Lyon et Grenoble en 2005, puis Gap en 2006.

Aujourd’hui Groupe Alternance compte 38 écoles dans toute la France – une cinquantaine prévue pour fin 2022 – et est devenue l’une des plus grandes écoles de l’alternance dans l’enseignement supérieur français.

En regardant le chemin parcouru, comment expliquez-vous votre croissance – d’une école à Rochefort à un réseau de près de 40 écoles ? 

Mon parcours professionnel est avant tout une aventure humaine, je suis très attaché aux gens avec qui je travaille. Au départ, je ne savais pas où tout ça allait me mener : la vie d’une entreprise, c’est comme la vie humaine, faite d’obstacles, d’inconnus, de surprises et d’espoir.

Ma devise, depuis 20 ans : le régime TTC, c’est-à-dire Travail, Talent et Chance.

Le travail, c’est la règle de base. Enfant de parents ouvriers, j’ai baigné dans ce contexte et rien ne me paraît possible sans cette base fondamentale.

Le talent : c’est la capacité d’adaptation aux personnes et au contexte socio-économique qui nous entourent.
Au lancement de ma première école, nous étions hébergés dans des locaux très modestes, pour ne pas dire vétustes et délabrés à Rochefort. La CCI et quelques CFA historiques détenaient le monopole de la formation en alternance sur la région. Je devais faire ma place parmi ses gros acteurs, j’ai alors opté pour une approche très opposée à la leur : chercher les entreprises pour les jeunes et suivre de près la relation entre les entreprises et les alternants. Je devais trouver des idées nouvelles et être efficace.

La chance, on dit que la chance sourit aux audacieux…et j’ai souvent été audacieux. Chaque année, on a fait 15% à 20% de plus de chiffre d’affaires, ce qui m’a permis de pouvoir investir dans du personnel, dans de nouveaux locaux et d’ouvrir de nouvelles écoles. Puis, la réforme de la formation professionnelle de septembre 2018, est venue renforcer notre secteur d’activité et l’image de l’alternance.

Je me souviens encore, lorsque j’étais avocat, avoir été jury d’oraux de BTS avec des professeurs de l’éducation nationale, qui avaient une meilleure image des élèves provenant de la formation initiale que de ceux issus de l’alternance. À cette époque, l’apprentissage était une orientation subie, alors qu’aujourd’hui elle est pleinement choisie !

Quels sont les atouts, les forces du Groupe Alternance ?

Simplicité et détermination sont les plus grandes qualités de Groupe Alternance. 

La simplicité s’exprime partout. Entre collaborateurs, on se dit les choses simplement et directement, avec les jeunes, on est très paternalistes, même si ça ne paraît pas moderne. C’est aussi le cas, avec nos entreprises-clientes, on se parle simplement, on accompagne de la même façon une petite boulangerie qu’une entreprise de plus 400 salariés, on travaille dans une relation de confiance et s’il y a un problème, on trouve des solutions.

Se développer, c’est quoi ? Conquérir et fidéliser les clients. 

C’est grâce à cette satisfaction client que beaucoup de nos entreprises partenaires signent chaque année de nouveaux contrats avec nos jeunes alternants.

Comment vous adaptez-vous aux demandes de vos clients, les entreprises ?

Je citerai deux points majeurs : 

  • L’aide au recrutement, on présente des jeunes que nous pré-sélectionnons et informons sur le secteur d’activité, où ils seront présentés.
  • Le SAV, nous sommes là pour intervenir s’il y a un problème, comme un litige entre une entreprise et son alternant. Nous nous engageons à faire du suivi, en ce moment par exemple, nos conseillers en formation passent beaucoup de temps à visiter les entreprises. 

       En 25 ans, il n’y a eu qu’un seul Prud’Hommes chez une de nos entreprises partenaires. 

C’est la notion de service, qui est très apprécié chez nos clients : en amont, trouver des jeunes sérieux, motivés et avec un bon état d’esprit. Et en aval, notre suivi, le SAV.

Quelles sont les nouvelles tendances, les grandes évolutions sur votre marché ? 

Depuis 2 ans, s’est exprimé avec le COVID, une évolution pédagogique majeure : le distanciel. Cependant, je ne crois pas, à l’inverse d’autres dirigeants d’écoles, que le distanciel soit l’avenir : c’est pour moi une amélioration indéniable certes, mais je ne crois pas au distanciel à 100%.

D’ailleurs, le distanciel n’est pas majeur chez Groupe Alternance, le présentiel est important pour les jeunes, car rien ne remplace le côté relationnel. Il y a plus de chaleur et de contact entre les élèves et les formateurs en classe, plus d’échanges, et de partage d’expériences.

La deuxième grande évolution, est la certification Qualiopi, depuis 3-4 ans. C’est ce que j’appelle l’évolution qualité. Elle est venue institutionnaliser notre activité. Elle a e été un excellent levier du bon fonctionnement de nos structures et de notre organisation, une source de pérennité, et de sérénité.
Grâce à Qualiopi, nous avons aussi ouvert nos formations en apprentissage. 

Une certification fondamentale, à qui nous devons aussi notre fort développement. 

C’est un grand travail, qui est porté par notre responsable pédagogique Bruno Desforges-Mériel et Laurent Blanconnier, notre responsable qualité.

À quels types d’évolutions et de croissance peut-on s’attendre de Groupe Alternance dans les années à venir ?

Premièrement, je parlerai d’évolution vers la verticalité en terme du niveau de formations : on se consacre au développement des Bac+2 à Bac+5, c’est aujourd’hui notre cœur de métier. Nous proposons de plus en plus de Bac+5. 

Deuxièmement, notre principale évolution à venir, est le développement de nouvelles écoles sur le territoire français. Nous souhaitons cette année, ouvrir près de 15 écoles, notamment dans la région parisienne. 

Chez Groupe Alternance, nous avons un esprit de compétition, nous sommes des challengeurs : relever un défi nous motive toujours au plus haut point, même après 25 ans d’existence !

Et puis notre modèle interne continue à fonctionner sur les mêmes bases : des valeurs simples de loyauté, de la détermination, une ambiance familiale, où les collaborateurs se connaissent, vont dans le même sens. Nous encourageons la promotion interne : ainsi, 80% de nos collaborateurs sont des anciens alternants, que nous faisons progresser, s’ils sont demandeurs et motivés. Ils deviennent alors les futurs responsables de nos écoles, et de réels entrepreneurs au sein du Groupe Alternance. 

Notre croissance nous la devons aussi à cette confiance, cette expérience acquise sur le terrain, et encore une fois à nos valeurs simples et familiales, qui se transmettent entre collaborateurs. C’est notre culture d’entreprise. 

Pour finir cette interview, pourriez-vous partager avec nous, un échec, un moment marquant et enfin donner un conseil à celles et ceux, qui souhaitent lancer leur propre entreprise ?

Mon pire souvenir et le moment le plus marquant de ma carrière sont les mêmes !

C’était en 2010, à Lyon. Notre responsable de centre, dans nos effectifs depuis 10 ans, et collaborateur proche, a mis en péril la société. Tout aurait pu basculer à ce moment-là, car j’apprenais par le biais des injonctions de l’administration qu’il y avait des malversations au sein de notre école. La situation était grave, car ce proche collaborateur détournait des fonds et falsifiait des documents. Le centre a failli fermer ses portes. 

Très affecté par cet événement, je me suis dit que je devais tout faire pour ne plus revivre cette expérience douloureuse, car au final, j’en étais le principal responsable : déléguer, c’est aussi contrôler et j’avais été certainement négligent.  

C’est pourquoi, j’ai mis en place un système d’audit en interne, j’ai investi dans la qualité, le contrôle et l’administratif. A partir de là, nous avons gagné en sérénité et nous nous sommes développés.

Un échec et un tournant important à la fois. Une profonde remise en question, qui a débouché sur une meilleure organisation et le développement de la société. 

Enfin, mon conseil à celui ou celle qui se lance dans l’entrepreneuriat, c’est de ne pas hésiter, avoir confiance en soi, tenter, qu’est-ce qu’on risque au final ? Juste un échec possible qui servira d’expérience.